Une vérité si délicate de John le Carré / Seuil.
PubliéKit Probyn, fonctionnaire lambda aux Affaires Etrangères britanniques est envoyé à Gibraltar pour rendre compte d’une intervention armée concernant un djihadiste. Il sera le téléphone rouge de son ministère de tutelle. Notre homme note que l’intervention est passablement confuse mais les militaires assurent que tout baigne dans l’huile. Trois ans plus tard, Kit profite de sa retraite en Cornouailles en compagnie de son épouse et de sa fille médecin. Sur un marché, l’un des hommes de Gibraltar refait surface. Il détient la vraie version des faits vieux de trois ans. Celle-ci n’est pas très glorieuse pour la Couronne. Que va faire Kit ?
La quatrième de couverture nous dit que ce roman parle d’actualité brûlante entre la Chrétienté et l’Islam. Restons calmes. Ce roman ne soulève aucun lièvre et on a déjà trouvé plus brûlant dans les romans d’Henry Porter. Ce n’est donc pas les révélations ou l’intrigue qui retiennent ici l’attention mais ce que le Carré préfère par-dessus tout : la mise en scène de la componction anglaise et son attitude faux-cul en toute circonstance. Il faut voir comment les officiels de l’Etat avalent des couleuvres et légitiment le n’importe quoi des américains qui sont, comme d’habitude, aux premières loges et ne s’embarrassent pas de morale. Bref, des choses que nous savions mais c’est toujours amusant des les voir répétées dans des ouvrages de fiction.
Pour conclure : un livre malicieux, bien écrit et qui met le doigt sur la guerre de demain : les sociétés privées prennent peu à peu le relais des militaires assermentés. C’est un peu la même démarche qu’avec les drones américains.