Moi chez SKA.

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Voici mon texte perso pour l’anniversaire de SKA.

Dans le désordre.

Sel et sable mêlés formaient un paysage lunaire de rigoles fermées ici et là par des martellières. Des pieux plantés sur les rives indiquaient aux ouvriers les zones à draguer. Le corps de la jeune fille était en partie enfoncé dans le sel et sa robe bleue à fleurs l’enveloppait comme le ferait un drapeau.

Des oiseaux de mer attirés par les poissons des marais fonçaient en piqué sur les rigoles d’eau claire. Leur cri se planta dans sa poitrine et il ferma les yeux.

Le journalier marchait devant les deux hommes et, obtus comme s’il s’agissait de sa propre vie, se refusait à parler du corps de la jeune fille. Ronaldo parvint à lui arracher la position de la communauté dans l’espace des marais salants.

Cinq femmes et deux enfants en bas âge survivaient dans un campement évoquant pour partie une réunion de caravanes et, pour l’autre, une favella bricolée à l’aide de cannisses pourries plantées dans le sable. Des panneaux publicitaires arrimés aux mobile home faisaient pièce au vent atlantique.

Le port de pêche de la bourgade évoquait une tâche bariolée égarée là, sans rapport aucun avec la violence qui avait pu éclater à cinq kilomètres. Pour l’heure, des pécheurs déchargeaient leurs filets sous un soleil de plomb.

Dani déchiffrait sur une page de bloc-notes l’adresse transmise par la gamine prétendant avec véhémence ne connaître de la capitale que les clubs de fado et les pâtissiers spécialisés dans les pastéis. Il leva la tête. La ruelle était baptisée rua do Mouros et le flic y décela un présage plutôt malsain.

La nuit enveloppait le trafic des tramways se croisant sur la pente vertigineuse conduisant au Bairro Alto. Un couple s’embrassait dans le convoi plongeant vers Baixa. Deux jeunes se montraient leurs photos du Botanique sur les écrans de leurs téléphones portables. Dani ferma les yeux : il lui fallait un tueur.

Les deux hommes se tenaient au premier étage de la librairia illuminant la rue par le savoir qu’offraient ses vitrines. Elle était tout de bois foncé, patinée à souhait. Les volumes serrés sur ses étagères imposaient avec force la civilisation. Etait-ce bien là qu’il fallait chercher ? La pestilence des bas-fond aurait mieux convenu, semblait-il à Dani. Le portugais moustachu assis face à lui n’avait plus rien d’un flic. Comme le corps de Maria qui évoquait n’importe quoi sauf celui d’une jeune fille.

Ils s’installèrent au dernier rang des visiteurs. Le club de fado vieillissait dans son jus fait de bois ciré, de gravité et l’ensemble était enveloppé d’une componction censée vous maintenir dans la douleur. Les deux hommes se concentrèrent sur les jeunes femmes dont les voix s’élevaient sous la voûte de la grande salle. La seconde, au sourire doux, était cap-verdienne.

Ils convinrent que l’échange aurait lieu en banlieue de Lisbonne. Au centre d’un quartier nommé Chelas, bouffé par la dèche, les rats et les rêves évanouis. Rolando serrait dans sa main une miniature de la vierge que lui avait confiée sa grand-mère le jour de son baptême à huit ans. Il n’en parlait pas mais s’imaginait comme en mission pour le Seigneur.

Le gamin cracha le petit cigare sucré qui lui pendait au bec et, en portant difficilement le sac bourré à craquer de billets de 500 euros, frappa d’un coup sec à la porte du garage. L’homme qui ouvrit se planquait derrière des lunettes noires. Il prit le fardeau du minot et demanda si la souffrance devait être exemplaire. Le gosse n’en savait rien. Il haussa les épaules.

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