Marion Brunet / Vanda / Albin-Michel.

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Les mots d’Aznavour affirmant que la misère serait moins pénible au soleil nous reviennent à l’esprit en lisant Marion Brunet. Dans son précédent livre, elle laissait entendre que ceux qui vivent à plein temps dans le Vaucluse sont crispés sur les traites à payer de leur maison en cité. Leurs filles n’ont pour avenir que des métiers de troisième catégorie, quant au racisme il jaillit toujours, pour peu qu’on l’y encourage. Dans Vanda, son second roman, Marion Brunet nous entraîne à Marseille où une mère de 35 ans, marginale et femme de ménage en HP, vit un amour exclusif avec son fils Noé, 6 ans. Ils logent dans un cabanon de bord de plage du côté de Pointe rouge. Vanda supporte cette vie difficile car son duo avec Noé efface la pauvreté et les humiliations. Et un jour, le père revient en ville. Incapable de créer sa propre vie, l’homme comprend rapidement que Noé lui donne une raison d’exister. Encore faut-il le récupérer. Dans une cité marseillaise partagée entre plages de sable, souvenirs d’une jeunesse pauvre mais chaleureuse et matraquage de travailleurs en lutte, c’est bien la difficulté à vivre des plus précaires qui est montrée sans fard. On y croise Samia, femme de ménage au dos en charpie, Thierry ayant toujours foi dans la lutte et dans la grève. Mais aussi Magalie, internée à l’HP après que son époux se soit pendu dans les locaux de France Télécom. Enfermée dans sa tête sur son lit d’hôpital, elle ne croit plus à rien. Certains des amis de Vanda, marginaux à son image, se retrouvent pour des fêtes musicales arrosées en bord de mer. On pourrait presque se croire sur une plage friquée cannoise mais, ici, les lendemains déchantent. Le livre révèle aussi Chloé, une jeune parisienne qui comprend de suite que son monde est bien différent de celui qu’elle percute à Marseille. Elle n’est pas méprisante mais « ailleurs. » Pas du côté des tatouées, de celles qui roulent dans des caisses en fin de vie et qui réchauffent seulement cent euros sur leur compte bancaire. Nous accompagnons donc Vanda, épicentre du roman, dans sa descente douloureuse aux enfers. Car souvent le monde, la société et la loi sont là pour réduire la parole, les sentiments et l’esprit de justice à des concepts rêveurs.
Marion Brunet, issue de la littérature jeunesse ou « jeunes adultes » a publié d’abord L’été circulaire, d’emblée reconnu comme un roman noir par le milieu littéraire. Ici, la focale est plus large et on peut parler de littérature générale. Mais quand on se penche sur l’ensemble de sa production, c’est bien le noir qui fait le lien entre les différents livres de Marion. L’écriture de Vanda est nourrie, riche, moins comportementale qu’à l’habitude. Elle progresse par focus et utilise l’ellipse avec fluidité.

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