Le soleil sur ma tête par Geovani Martins / Gallimard.
PubliéGeovani Martins est né dans un quartier ouest de Rio de Janeiro. Ses nouvelles sont donc situées dans les favelas autour de Bangu. Ceux qui vivent là semblent ne plus pouvoir échapper à la pauvreté. Et la seule chose qui les fait planer, c’est l’herbe. Ou la cocaïne, ou le crack. Mais, comme il est dit dans une nouvelle, le crack c’est la merde. Les adolescents qui survivent dans ces quartiers sont donc concentrés sur la qualité du produit. Faudra-t-il sortir 10 reals pour une dose ? Parfois, ils jettent un coup d’œil aux exploits du Flamengo ou de Botafogo. Mais le nœud central de leurs vies est installé dans les bandes de copains, ceux qui fauchent le révolver de leur père vigile ou même les taggeurs qui veulent s’en sortir pour élever leurs gosses mais quand tu es scotché aux bombes de peinture, il faut assumer. L’un d’eux, chassé par des habitants en colère, brave le monde, campé sur le toit-terrasse d’un immeuble. Ceux qui font la loi portent des AK47 et interdisent de fumer sur la voie ferrée. D’autres, des flics, décident de tabasser les camés plutôt que les dealers pour éradiquer le marché. L’un d’eux, Face de Singe, terminera sa vie, balayé par un M16 et brulé dans la brousse. Ils prennent des petits boulots. Ramasseur de balles de tennis sur des courts, par exemple, ou bien distribuent des tracts et là, il faut faire gaffe à ne pas se faire repérer par ceux qui vivent dans l’opulence. Sinon, ils te mettent la honte. Avec la paye, ils se précipitent vers un dealer de beuh qui leur glisse de la bonne à 10 reals. On pourrait penser que cette vie mécanique et répétitive est dépourvue d’humanité. Mais non, car Martins propose des portraits de gamins qui essaient de s’en sortir, de réfléchir à leur avenir. Bref, ils savent qu’au-delà de la favela un monde qu’ils ignorent les attends. Ce sont d’ailleurs les derniers mots du recueil : « Maintenant, tandis qu’il descend la rue pour quitter la favela, il ne se dit qu’une seule chose : désormais tout ça sera très différent. »