Lettres de Carthage par Bill James / Rivages.
PubliéA Tabbett Drive, en Angleterre, la vie ouatée des classes moyennes paraît simple. Néanmoins, un drame silencieux se joue dans la propriété Carthage où vivent les Seagrave, Jill et Dennis. En effet, Jill se sent persécutée par son mari dont l’activité principale, hors son travail à la compagnie d’assurances, consiste à tailler des haies de façon artistique. La tension monte entre eux. Pourtant, on pourrait croire que les partouzes qu’il organisent chez eux chaque dimanche pourraient aplanir les frictions, mais non. Jill a un amant, Greg. Et Dennis finit par coucher avec la voisine, celle qui réceptionne les lettres de la mère de Jill pour échapper à l’esprit inquisiteur de Dennis.
Précision importante : tout ce que nous apprenons nous est livré par lettres interposées car il s’agit ici d’un roman épistolaire. Les petits bourgeois britanniques confîts en principes et en attitudes, se révèlent faux-cul comme jamais dans ces échanges impliquant familles et amis. L’ensemble nous est rapporté par Bill James qui troque ses intrigues consacrées aux malfrats et aux flics gallois pour une communauté qui torture sans hausser le ton. Le vieux Bill nous a concocté une fin-pirouette bien dans sa manière et, surtout, dans celle d’un roman anglais obsolète. Il s’agit donc d’un hommage malicieux et réussi.