Ivan Messac, Crazy Legs. Villa Tamaris.
PubliéIvan Messac, plasticien mais ici peintre, rend un hommage bienvenu au Black Leather Rebel. Gene Vincent, né Eugene Craddock, est né le 11 février 1935à Norfolk, en Virgine. Issu d’une famille pauvre, il touche au Bluegrass, au Blues, au Gospel. A 19 ans, il conduit sa Triumph quand une Chrysler le percute. Touché à la jambe gauche et à la hanche, on lui suggère l’amputation. Sa famille résiste pour l’éviter. En 55, il assiste à un concert d’Elvis Presley et comprend que le rock est fait pour lui. Puis il traîne dans les maisons discographiques pour pouvoir enfin enregistrer son morceau fétiche, Be-Bop-A-Lula.
La suite, on la connait. Ce déhanchement si spécial, sa façon de tenir le micro et sa jambe en arrière sont sa marque de fabrique mais cette attitude est rendu nécessaire par la souffrance qu’il endure avec cette patte folle.
Crazy Legs, le titre de l’expo, est emprunté à un titre du rocker. Messac a campé notre homme sur des fonds bleu nuit, le personnage est figuré dans un camaïeu de couleurs autour d’un vert tendre, un bleu passé, un rose saumon, un jaune descendu. Quant aux fameuses Crazy Legs, elles traversent les images de Messac dans des couleurs agressives qui fleurent bon les sixties. Le costume en cuir noir se devine sur ces images qui ne renvoient pas qu’à une nostalgie mais à un héros, un perdant de Virginie propulsé sur le devant de la scène et qui n’était pas fait pour ça.
Gene Vincent, épuisé, en phase autodestructrice depuis que les rockeurs du début sont passés de mode, meurt d’un ulcère en 1971. Cette descente aux enfers qui passe par l’alcool se lit entre les peintures de Messac qui présente ici l’une de ses plus belles séries et qui se veut porteur de sens, au-delà de la réussite picturale.