Citoyens clandestins par DOA / Série Noire

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Des composants chimiques sont acheminés en europe par des islamistes ayant pour objectif de répandre cette arme sale sur le sol français. Ceci intervenant après le 11 septembre. Problême : ce sont des composants français qui vont se retourner contre la France. Ce détail fait désordre, j’en conviens. Partant de là, différentes officines de renseignement, des services opérationnels, des mecs officiels, des mecs planqués, des infiltrés, des exfiltrés, se lancent à la poursuite de l’arme qui converge vers nous en empruntant des chemins fort compliqués.

Trois personnages s’imposent : Karim, infiltré chez les islamistes parisiens et dont le travail consiste à renseigner. Servier, un homme de l’ombre, qui démantèle par torture et élimination les hommes du réseau chargé de gérer l’attentat à venir. Amel, jeune journaliste à peine sortie du CFJ, se retrouve sur l’affaire pour essayer de la décrypter car ce gag dangereux ne doit pas être connu du public, of course.

Il faut 300 pages à DOA pour installer toute son affaire et on ne peut pas contourner cette mise en place. Puis 400 pour développer sa fiction. Il s’agit donc d’un gros livre mais, une fois dedans, ça fonctionne. L’écriture est au service de l’histoire, sans plus. Ce qui me chagrine, c’est la conclusion de cette aventure : Servier semble s’échapper. Amel se voit offrir un maroquin dans un journal, pour la boucler, et elle accepte. Karim a réussi à sauver sa peau mais on comprend dans les dernières lignes que cette expérience réussie a donné des idées à d’autres services de renseignement qui pourraient l’employer. Autrement dit : tous pourris.

La vision du monde et des flics qui la gouvernent est terriblement pessimiste chez DOA. En cela, il rejoint une forme de pensée habituellement nommée anarchisme de droite. Je demande un peu plus au niveau du fonds, j’ai envie qu’après 700 pages de fiction on me dise que, justement, tout n’est pas pourri. J’ai cru pendant 200 pages que le quatrième pouvoir incarné par Amel pouvait sortir propre de cette nasse mais non, elle est comme les autres. On cherche une morale, même imparfaite, dans ce gros livre. Les islamistes auraient pu détenir une forme de "morale" mais non, ils se révèlent aussi pourris que les pandores frankaouis qui les chassent. Reste que l’objet- livre est un moment important dans le polar et le roman d’espionnage français. DOA se positionne avec force dans ce genre, animé ces derniers temps par Porter et Canon. Il y a de l’intelligence dans ce livre, du travail et, sûrement, de l’expérience. Nous sommes loin des à- peu -près distillés par des apprentis pressés, l’oeil vissé au hit-parade des ventes. DOA prend date et moi je lirai son prochain roman en espérant une lueur positive, un supplément d’âme. C’est mon côté boy scout qui réapparait. Tous aux abris.

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