Chinook par Pete Fromm / Galmeister.
PubliéAvant la nuit, recueil précédent de Pete Fromm, était un sans-faute. Les nouvelles étaient réunies autour d’une activité unique : la pêche à la mouche. Il s’agissait d’un leurre car à travers cette modeste activité, Fromm nous parlait du monde et de nous-mêmes avec beaucoup d’intelligence et de subtilité.
Chinook affiche un copyright de 1997. Il s’agit d’un livre terminé en 1995, donc antérieur au recueil précité. Chinook ne comporte pas d’unité de lieu, de thème. On oscille entre la troisième personne et la première. Plusieurs textes sont bien mais construits sur le même principe délivré par les ateliers d’écriture : une histoire simple et une fin à la sensiblerie exacerbée. Autrement dit la méthode Carver adaptée au Wisconsin.
Deux grands textes, néanmoins, dans cette production : un jeune marié qui reçoit ses parents en WE n’ose leur dire que sa femme a disparu. Il pressent la rupture mais c’est bien pire. Très beau. Une autre rappelle un peu Sam Sheppard : un père qui ne peut obtenir la garde de son fils l’enlève pour une virée sans trop savoir où tout ça les conduit. Au fil des heures, on comprend que des deux c’est le gamin l’adulte. Très bien fait, à demi-mots. Mais pour le reste, Fromm est empétré dans un système. Ce n’est pas très grave, ce type est doué et l’a prouvé. En quatrième de couverture, un certain Duncan nous dit que Fromm serait le Tchekhov de Great Falls. Après Carver qui, lui, a été fêté comme le Tchekhov de l’Amérique. Si c’est possible, je souhaiterais retenir le Tchekhov de Barbès. Enfin, bon, c’est juste un souhait.