Ollie Cross prépare l’examen d’entrée à l’Ecole de Médecine mais décide de se colleter avec le réel. Il est engagé comme ambulancier-stagiaire dans une station d’ambulance située à Harlem. L’un des ambulanciers, Rutkovsky, le prend comme coéquipier. Rut est renfermé, blindé mais il est reconnu comme un professionnel de haut niveau. Ollie se détache peu à peu de sa vie d’étudiant, de sa copine, Clara, qui le préférait en apprenti-médecin. Même ses parents disparaissent au loin. Car le quotidien d’Ollie est plein d’urgences permanentes. Le jeune homme est confronté quotidiennement à la lie de la terre, aux camés, aux blessés par balle, aux vieux qui partent dans l’indifférence, aux badauds dont l’occupation majeure consiste, surtout à Harlem, à insulter ceux qui viennent les sauver. Cette cour des miracles à ciel ouvert pèse d’un poids énorme sur les épaules d’Ollie. Mais également sur celles de Rutkovsky. Celui-ci, écoeuré par la saloperie ambiante, passe de l’autre côté de la ligne et décide de décider qui doit mourir ou pas. Ollie se sent aspiré par ce pouvoir que possèdent les hommes des urgences : régir le monde à sa façon, en despote. Mais deux autres collègues le ramèneront du côté de la vie.

Dans Manhattan Grand Angle, Burke décrivait un ambulancier dont l’appareil photo lui servait à figer le visage des morts. Frank tombait amoureux d’une escrimeuse séropositive et l’accompagnait jusqu’à sa fin. Ici, l’écrivain ne rédige pas à proprement parler un roman mais une chronique qui se lit comme un roman. Nous sommes dans la souffrance, la merde, le sang, confrontés à ce que les hommes se font les uns aux autres. Chef-d’oeuvre noir, écrit sans pathos, sec, bouleversant, 911 se lit à bout de souffle.