Pouvoir faire jaillir une émotion en peu de lignes

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Interview de Marc Villard par Bernard Strainchamps publiée à l’occasion de la sortie de Don’t explain chez Publie.net.

Tu as publié de la poésie avant des nouvelles et des romans noirs. Un peu comme Manchette, ne t’es-tu pas emparé d’un genre populaire pour continuer à écrire en fait de la poésie ?

Non, je suis un lecteur de romans noirs au même titre qu’un fan de poésie. J’ai commencé par la poésie car ça me paraissait plus facile pour quelqu’un qui n’avait pas de formation littéraire. Mais le Noir a ma préférence dans la fiction par sa capacité à inscrire le réel tout en gardant une narration de type fictionnel.

Don’t explain, c’est huit nouvelles d’un feuillet. Pourquoi avoir adopté ce format ultra court ?

J’ai toujours aimé les pochades. Pouvoir faire jaillir une émotion en peu de lignes. C’est difficile de composer un recueil entier sur ce format mais une série, c’est possible. Surtout avec un thème commun. Ici c’est le jazz.

La tendance est au gros pavé plutôt qu’au recueil de nouvelles alors que le format court semblerait plus en adéquation avec notre époque. As-tu une explication à cela ?

On pense que la vie contemporaine laisse peu de place à la lecture mais ça n’a rien à voir avec la longueur du texte. Nous n’avons pas en France comme chez les anglo-saxons une pratique et une histoire liées au texte court. Le lecteur français préférera lire un gros roman longtemps plutôt que plusieurs textes courts. En fait, je suis né dans le mauvais pays.

Existe-t-il des similitudes entre ta manière d’écrire et la façon de jouer d’un musicien de jazz ?

Les musiciens de jazz ont tendance à travailler sur des standards. Autrement dit, des thèmes célèbres dans la musique de jazz qu’ils revisitent à leur façon et selon les tendances musicales du moment. Le polar, c’est pareil. Toutes les intrigues ont été écrites et, bien souvent, je me glisse dans une intrigue déjà visitée pour en faire une oeuvre nouvelle et originale. Du moins, j’essaie.

Dans tes textes, tu cites souvent des personnes et des lieux connus. N’utilises-tu pas les noms propres comme des noms communs pour donner une couleur à tes textes ?

Oui, j’ai été marqué dans mes premières lectures de la Série Noire (durant les années 60) par les noms de rues ou bien celui des protagonistes qui apportaient par leur connotation américaine un twist excitant. La notion de couleur est bonne, on peut aussi utiliser l’expression « syncope interne ». Tout cela est présent également au plan pictural dans le Pop Art qui deviendra en France la Figuration Narrative.

On rencontre de nombreux losers dans ta prose. Tu affectionnes les sans grades ?

J’affectionne les gens qu’on laisse au bord de la route et dont on parle peu dans la littérature générale. C’est une tendance forte dans le polar né dans les années 80 : un regard social sur le monde lié à la violence quotidienne. Évidemment, les marginaux sont concernés.

QQ Lapra a écrit : Marc Villard, c’est un mec qui se cache derrière des lunettes chics parce qu’il a peur de disparaître. Est-ce vrai ?

Je n’ai pas peur de disparaître mais j’ai peur de ne rien laisser. La notion de trace est importante pour moi, d’autant que je suis le père de trois garçons. La disparition en tant que telle ne m’inquiète pas trop. Ce type de réflexions laisse entendre que je suis croyant mais ça n’est pas le cas. En tout cas, la volonté de créer est liée à cette inquiétude de l’héritage, c’est sûr. Mais je pense que c’est le cas de la plupart des créateurs, non ?

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