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Avant la publication de ma nouvelle Mensonges dans Chronique des années de crise, j’écrivais essentiellement de la poésie. Mon premier recueil, l’Amer, date de 1971. J’ai participé au démarrage de revues telles Zone et Stardust. A la fin des années 70, nous avons élaboré une revue, le Grand Huit, avec des copains passionnés par les rapports entretenus entre l’écriture et le rock.
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Dans la mesure où mon moyen d’expression favori est l’écriture, j’essaie de déplacer celle-ci dans des endroits divers mais nécessitant la présence de textes. Mon passé de graphiste et d’élève à l’école Estienne font que tout ce qui procède de l’image m’intéresse. C’est pour ça que j’ai multiplié les collaborations avec des producteurs d’images.
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Une amie qui travaille régulièrement avec les biffins de la porte Montmartre m’a donné envie de m’intéresser à cette communauté. Comme leur façon de survivre croisait celle des sans–abris, j’ai imaginé lier les deux. L’idée de base est toujours de situer des intrigues noires dans des lieux souvent négligés par la littérature générale. Marin Ledun fait la même chose avec l’entreprise et ses dérapages.
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J’ai démarré Bird en suivant de l’œil pendant des années un musicien SDF du métro qui jouait du sax sur la ligne Levallois-Gallieni. Je ne savais même pas que je le ferai mourir. C’est venu au fil de la plume, comme on dit, et la suite procède du même principe. Je n’ai pas de plan de carrière clairement établi.
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Le fait que j’habite à Paris joue un rôle non négligeable dans mon choix d’univers. A Paris, nous sommes confrontés toute l’année à la détresse de ceux qui n’ont rien, à l’alcool, à la violence du quotidien et il est logique de faire intervenir ce monde des marges dans des livres « noirs ». Si je vivais dans un coin peinard à la campagne, mon approche serait certainement différente.
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J’ai discuté avec des éducateurs de rue, un chauffeur du Samu et je me suis rendu à plusieurs reprises au carré des biffins de la Porte Montmartre pour écrire Les biffins. Cela étant, il ne faut pas oublier que je suis dans la fiction. Tout n’est pas forcément vrai dans mes livres mais les éléments imaginés sont plausibles. Dans Les biffins, Lothaire est un personnage complètement inventé, une fiction pure.
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Il existe beaucoup plus que par le passé d’organisations caritatives, d’associations d’aide aux personnes en détresse. La création du Samu social est récente également. C’est la multiplication des personnes en souffrance qui donne l’impression d’un abandon et l’afflux d’immigrants qui, eux, n’ont vraiment plus rien.
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Aujourd’hui, la marginalité est plus visible. Les situations décrites plus haut sont prises en charge par des photographes amateurs, des animateurs de réseaux sociaux. Du coup, la littérature est présente également. Elle ne change rien mais elle accompagne ceux qui dénoncent la pauvreté institutionnalisée. Dans mon cas, je ne jette pas un cri d’alarme mais j’interviens comme un témoin qui dit des choses dans un espace plutôt voué à la distraction. Bien loin du thriller rentable.
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Mon prochain livre, déjà écrit, paraitra chez Cohen&Cohen. Il s’agit d’une fiction noire autour du peintre américain Jackson Pollock. En 2019, je publierai à la Manufacture une novella, consacrée à deux jeunes qui passent de la came en Angleterre, Terre promise. La fille du duo vit en permanence dans la gare du nord à Paris.