Quand la ville mord. - La Branche, 8 juin 2006. - (Suite Noire)
PubliéRue de Steinkerque. Le boulevard s’affole, la lumière guette les maraudeurs. Sara, masquée, se rencogne. Devant le Panama, un mareyeur en tablier bleu marine propose ses huîtres en s’ébrouant. Le froid transperce son ciré. Elle se faufile derrière lui, dans la porte à battants qui claque sans discontinuer.
A dix mètres, Omar, Brigitte, deux porte-flingues et une pute de service se bâfrent à l’aise en ricanant du côté de la miniscène où se succèdent les ersatz d’Aznavour, Goldman et Cabrel.
La foule la terrorise. Elle se décide enfin, rentre la tête dans sa parka et, le pas sûr, gagne le fond de salle et les toilettes pour dames, contigües à de désuettes cabines téléphoniques. Dans les toilettes, elle retire son vêtement, glisse son tournevis dans sa manche de pull et s’occupe à se laver les mains, à feuilleter l’annuaire du téléphone. En cinq minutes, elle fait partie des meubles.