Bye Bye Diego.

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5 juillet 1984.

Diego Armando Maradona entend la voix. Elle grandit, impérieuse, dans un recoin perdu de sa tête en extase :

« Entre ici Diego Maradona avec ton cortège de sombreros, de coups du foulard, de râteaux, de double contacts, de grands ponts ; avec tes derniers compagnons de Boca Juniors, aujourd’hui rendus au royaume des ombres ; avec ton pied gauche de satin, tes ballons scotchés au corps et ce mot goal que clame déjà le peuple napolitain. Entre, avec les derniers de Série A et aussi les sans-grades du catenaccio ; aujourd’hui ils ont le masque de la victoire. Viens avec les gosses en haillons de Villa Fiorito et ceux d’Argentinos, nous t’attendions tendus et fiévreux, toi, le gamin en or, El Diez, et ton profil de madone aztèque, tes yeux qui ensorcèlent le cuir magique. Entre avec ceux des mauvais quartiers, avec le peuple de Napoli humilié dans l’ombre, avec la jeunesse qui appelle le soleil et le retour des aubes radieuses. Puisses-tu enchanter cette herbe tannée sous le Vésuve, cette surface de réparation dont tu fis ton royaume. Car ce peuple dressé vers le ciel porte aujourd’hui le visage du triomphe. »

Il est au centre du rectangle vert, au stade San Paolo à Naples, cerné par 70.000 tiffosi, serrés dans les tribunes, déjà fous et conquis par Dieguito. Son maillot floqué ne frémit pas sous la brise marine, cette mer qu’on n’entend déjà plus, négligée, oubliée par la foule qui hurle son amour à Diego. Aujourd’hui, Maradona n’a pas encore joué au football sur cette pelouse, il vient seulement saluer, humblement, le peuple napolitain ; celui de Spaccanapoli à l’odeur de camphre, celui des Quartiers Espagnols pourrissant dans les caves insalubres et l’autre, celui de Miano, à la prégnance d’amour tarifé. Les drapeaux bleu et blanc du S.S.C. Napoli claquent dans les travées, on brandit des écharpes et quelques curés favorables au 4-4-2 commencent à prier pour El Pibe Del Oro.
C’est un jour de gloire à Naples. Ce que découvre Claudio Manetti, planté devant son écran de télé dans le quartier de la Sanità. Il a entendu parler de Diego mais seulement de réputation. Là, devant ces images de liesse, de renaissance, il comprend que son heure est venue. Car Claudio ressemble à Maradona. Dans la pièce mitoyenne, sa fille, Laura, 12 ans, édifie l’un des premiers autels à la gloire de Diego. On y voit, dans le coin gauche, une vierge légèrement moustachue. Sur un ciel sans nuage, le visage de Dieu est penché vers la pelouse, un bout de moquette verte, et la photo de Diego Maradona, déjà vêtu des couleurs adulées. Claudio contemple un moment ce cri d’amour esthétique et file sur la place désertée pour cause de dévotion municipale. Il sort son ballon rouge et tente de retrouver les gestes magiques du footballeur qui occupe les écrans de la ville. Il fait remonter la balle, la récupère sur sa tête, en joue avec ses épaules et la fait passer d’un genou à l’autre.
Aujourd’hui, 5 juillet donc, Claudio a 38 ans, pèse 92 kilos et comprend qu’il va en baver pour se hisser à la hauteur du magicien argentin.

Le lendemain matin, il pénètre dans l’usine de saucisses des frères Flavelli. Il bombe le torse et passe par les vestiaires pour se changer. Au premier collègue de travail qui l’interpelle, il dit : « Pas Claudio : Diego, s’il te plaît. » Le manœuvre italien, pas contrariant, rectifie en souriant et cligne de l’oeil à l’attention de ses compagnons les plus proches. Ce matin, ce n’est pas un sosie de Maradona qui entre dans l’atelier mais Diego lui-même, un peu fatigué, son cou de taureau engoncé dans une mauvaise chemise noire en acrylique. Pendant que la bidoche commence à gicler de la broyeuse, Claudio Manetti se dirige tel un seigneur vers le poste 21, là ou, depuis 10 ans, il règle et répare la chaîne convoyant les saucisses roses vers les restaurants de la région.
A compter de ce 6 juillet, la vie de Claudio mute. Ouvrier-régleur aux heures ouvrables et starlette du cuir dès la sortie de l’usine. Les dealers qui tiennent la via San Margherita Fonseca le regardent venir en souriant et lui font même une réduction sur le passage afin qu’il puisse regagner directement sa ruelle. De fil en aiguille, il dégotte un job à Laura. Les hommes de Belmonte lui confient un espace rachitique à deux mètres du totocalcio, via Antonio Villari. La gamine peut y vendre des Pall Mall et des Marlboro.
On lui dit Diego en soupirant, l’air de penser « Si ça lui fait plaisir ». Il comprend qu’un respect irrationnel s’installe entre ce peuple de misère et lui, le Diego local. L’autre, le vrai, enflamme les cœurs sur la pelouse du stade et tire le Napoli vers les cieux.

3 novembre 1985.

La Juve s’accroche au stade San Paolo. Jusqu’au coup franc dans la surface que décrochent les napolitains. Maradona le brosse du pied gauche et le ballon déchire les filets turinois. A la sortie du stade, El Diez confie aux micros : « J’ai presque caressé le ballon et j’ai eu l’impression que c’était une colombe dressée, qui savait où aller. »

22 novembre 1987.

3-1. En tête du cortège napolitain, Maradona renvoie de nouveau la Juve à ses chères études. Ils en rêvaient, depuis la nuit des temps, sur la piazza Cavour. Depuis que ces salopes du nord, ces rupins, ces nantis, humiliaient le sud, le peuple, ceux qui souffrent dans les rues torves de la Sanità, dans les bassi des Quartiers Espagnols. Oui, El Diez et sa troupe font sombrer le club de Platini qui dira « Ce que je fais avec un ballon, Maradona le fait avec une orange ». Champion de série A pour la première fois de son histoire, Naples sait qu’il doit cette revanche, cette grâce du ciel, à Diego qui enflamme de son génie les moindres coins et recoins de San Paolo. Son image est partout, les autels s’installent depuis deux ans au coin des rues camoristes de la Sanità et les ex-voto s’amoncellent. La musique est pour lui, les filles sont pour lui, Napoli lui appartient et les enfants clament que Maradona en jonglant avec une orange est capable de l’ouvrir et de l’éplucher.
Maintenant, il travaille avec une attachée de presse qui s’occupe, telle une concierge, de tous ses rapports avec le monde extérieur. Ses cheveux sont d’un blond vénitien et elle porte des couleurs vives. Ils ont couché ensemble une fois, pour voir, et finalement sont passés à autre chose.
-  Encore un poème arrivé au courrier. Tu veux le lire, Diego ?
-  Fais voir.
Et il commence à lire, entre ses dents :

Maradona nostro,
Che scendi in campo,
Abbiamo santificato il tuo nome,
Napoli è il tuo regno,
Sia fatta la tua volontà,
Sial al San Paolo che in trasferta,
Dacci sempre i nostri vittorie
Come noi le rimettiamo sulla schedina
Non ci indurre in illusioni
Ma conducici allo SCUDETTO.
AMEN.

-  J’aurais aimé écrire des poèmes, dit Diego.
-  Tu fais de la poésie avec tes pieds.
-  C’est vrai et c’est plus rentable.
-  Voilà. J’ai encore entendu deux chansons sur toi. Je te prendrai les disques dans l’après-midi, dit-elle.
-  Je suis tombé sur un journaliste du nord, l’autre jour à Bari. Il me faisait comprendre que j’étais trop payé par rapport au peuple qui crève de faim. Je réponds quoi ? dit-il.
-  Tu dis que c’est pas toi qui décide de ton salaire. S’il n’est pas content, il s’en prend à Bianchi.
-  Bien vu. Je dirai ça. Comment trouves-tu mes nouvelles boucles d’oreilles ?
-  Très jolies. Moi, j’aurais peur qu’un abruti me les arrache.
-  Ils aiment Diego, ils ne lui arracheront pas ses boucles.
Puis Maradona jette un regard par la fenêtre et note que cinq voitures de la TV et des radios locales sont toujours en faction. Il soupire et part dans sa chambre essayer son nouveau survêtement.

Chez les frères Flavelli, la production bat de l’aile. La saucisse aux brocolis ne fait plus recette et les enfoirés de teutons bradent leur Francfort. Ennio Flavelli a commencé à virer les emmerdeurs. Ceux qui ligaturent des saucisses trop longues, par exemple. Claudio Manetti envisage douloureusement l’avenir. Il a pris deux kilos. Pourtant, il se remue mais les pizzas et les tagliatelles à la crème s’amoncellent dans son corps.
Quand le comptable des frères Flavelli appelle son nom en fin de mois pour lui donner son chèque, il baisse la tête et, parvenu devant le gratte-papier, énonce « c’est moi, Diego ». L’autre le sait bien mais ça l’amuse de l’appeler Manetti. Ce type déteste le football, conséquence d’une enfance vénitienne.
Le soir, sur la piazza Pagano, Claudio jongle et tape dans la balle avec les gosses du coin. Il n’est pas encore au top mais se maintient à 90 kilos. Il a signé dans une petite équipe réserve d’Ercolano et, le dimanche, se commet dans des rixes sur les terrains bourbeux de la périphérie napolitaine. Tout ceci ne rapporte rien au plan financier et il souffre pour joindre les deux bouts.
Le matin, il commence par un jogging, descend sur la piazza Cavour dont il fait deux fois le tour et prend via Duomo, direct jusqu’à la via Nuova Marina. Il stoppe en contemplant l’eau verte agitée par les ferries et pose un regard d’airain sur le Vésuve en lévitation dans la brume. Quand on commence à le toiser en douce, il remonte par le même chemin et croise les camés qui se hâtent vers la Sanità.
Ces jours-ci, Laura reluque les boutiques de maquillage. Debout dans la cuisine, un bol de chocolat à la main, elle apostrophe son père.
-  Papa, je voudrais du rouge à lèvres et du vernis. Ils font des prix chez Pupa.
-  Tu es trop jeune, ma fille, et on n’a pas beaucoup d’argent.
-  J’ai gagné 1000 lires ce mois-ci avec les cigarettes.
-  J’ai du en lâcher 600 à Belmonte. Tu connais le quartier.
-  Fiona et Elsa portent des paquets, ça rapporte mieux, dit-elle.
-  Madame Lavezzi portait aussi des paquets et aujourd’hui elle est en taule pour deux ans.
-  Il ne faut pas se faire prendre.
-  Tu es trop jeune.
Evidemment, Claudio pourrait monnayer ses séances de jonglage mais les gamins préfèrent économiser pour réserver des places populaires à San Paolo. Debout dans le virage sud.
Deux ans plus tôt, ils dévoraient les saucisses des Flavelli à la mi-temps mais avec la société mondiale qui arrive, ils bouffent des frites ou du pop corn. Ceci expliquant en partie le déclin de la saucisse italienne. Du moins, c’est l’avis de Claudio.
La petite ne parle plus de sa mère qui vit à Ischia avec un promoteur immobilier. L’homme ne souhaitait pas se mettre sur le dos une belle-fille tentée par le deal de cocaïne et qui, à la tombée de la nuit, joue au foot avec son père, piazza Pagano. Elle est maigre et plus grande que son géniteur. Cheveux noirs, jeans effrangés. Elle chérit un projet dans la vie : baiser avec Matteo, le jour de ses 15 ans. Il est guetteur du trafic au cimetière delle Fontanelle.

22 avril 1990.

A la septième minute du match contre la Lazio, Maradona tire un coup franc en dehors de la surface de réparation. Baroni se précipite et, d’un coup de boule rageur, envoie la balle au fond des filets romains. On en restera là mais peu importe car Naples remporte pour la seconde fois le scudetto.
Depuis peu, une peinture murale représente Diego. Elle est située à quelques pas de la piazza Plebiscito et réalisée par des étudiants aux Beaux Arts. Les gosses des quartiers espagnols ont inventé des pétards baptisés balles Maradona et à la Sanità, Laura confectionne dans la cuisine familiale des pizzas au hashish. Celles-ci sont décorées au centre avec le visage du footballeur. La ville est en liesse et Maradona est bien le fils qu’elle attendait depuis l’invention du football. Laura a grandi et sa situation s’est améliorée au cours des derniers mois. Matteo, son ami guetteur, est passé dealer numéro 3 dans l’organisation de Belmonte. Il lui confie des colis. Elle les prend et les dépose dans des poubelles au fond desquelles viendront piocher les revendeurs.
Aujourd’hui, elle avance vico Della Calce avec en ligne de mire la troisième poubelle municipale fixée au mur. Elle avance à l’arrache, ne relève pas la tête et parvenue devant le récipient, glisse négligemment son paquet par l’ouverture. Elle entend la cavalcade dans son dos avant d’imaginer ses poursuivants. Elle se prend à courir, file entre les groupes de badauds, bouscule des bicyclettes esseulées sur le trottoir. Ça gueule derrière mais elle s’en fout, elle sait qu’en prenant la via Fontanelle, elle peut s’en sortir. Elle ne voit pas la Lancia bleue au croisement et l’aile de la voiture qui l’envoie dinguer dans les étals de fruits d’un vendeur ambulant. Les deux flics arrivent enfin, se penchent sur Laura, essoufflés, prêts à exploser. Elle ouvre les yeux. Le plus vieux, un sicilien, lui balance un coup de pied en douce.
-  Salope de tueuse, dit-il.

Claudio a touché son dernier salaire chez Flavelli la semaine précédente. Trois mois d’indemnités pour solde de tous comptes. Exit la saucisse. Hier, il s’est approché de Matteo qui traîne dans le quartier et baise Laura, sa fille chérie. Le gamin faisait le beau sur une Vespa, les cheveux dressés au gel et les jeans effrangés.
-  Matteo, tu peux me faire passer quelques grammes de cocaïne ?
-  Diego, je peux pas faire ça. Vous êtes le père de Laura. Et puis je n’ai pas le droit de donner la came.
-  Je paye.
-  Allez, allez, pas vous, monsieur Manetti.
-  S’il te plaît.
Matteo éprouve un peu de peine pour ce vieux en bout de course et consent à lui vendre 5 grammes avec une réduction tout à fait illégale. Depuis, Claudio pète le feu mais il lui en faut plus.
Sans savoir que dans les beaux quartiers napolitains, l’autre Diego, qui a commencé son histoire d’amour avec la dope à Barcelone, a repiqué au truc. Sa concierge, la blonde Daniela, descend tous les trois jours à Scampia, un quartier bouffé par les cancrelats, le racket et la mort. Elle achète à la source pour s’éviter les dealers bavards du centre napolitain.
Ce soir-là, en rentrant d’une ballade sur le port, Claudio apprend que sa fille loge maintenant à l’infirmerie de la prison. Sur le coup de 23 heures, quand il a terminé de pleurer, il descend dans la rue et repère Matteo, via Antonio Villari.
-  Tu sais, pour Laura ? dit-il.
-  Je m’en occupe, Diego. On va lui prendre un super avocat. Vous voulez passer la voir ? J’y vais demain, dit Matteo.
- Je vais avoir besoin de fric, tu sais.
-  On s’en reparle demain.

17 mars 1991.

Naples souffre en championnat et reçoit Bari à San Paolo. Le match est laborieux pour les napolitains et Maradona ne paraît pas en grande forme. Il parvient néanmoins à centrer pour Zola qui plante un but bienvenu. Les équipes rentrent aux vestiaires et Diego fait partie des joueurs tirés au sort pour se plier au contrôle anti-dopage. Quand les résultats tombent, une chape de plomb cadenasse la ville : Diego est contrôlé positif à la cocaïne. Il est suspendu pour plusieurs mois. Au café Nilo, des adolescents pleurent devant l’autel consacré à El Diez. Piazza Cavour, une jeune femme s’arrache la peau du bras pour faire disparaître le tatouage dédié à Maradona. Dans un basso moisi, une vieille décide de vendre une touffe de cheveux ayant appartenue au footballeur.

Derrière les rideaux de son appartement, Diego surveille sa rue bloquée par les équipes des télévisions du monde entier. Il finit par se tourner vers Daniela.
-  Prends-moi un billet pour Buenos Aires.
-  Quand veux-tu partir ?
-  Le plus vite possible.

Après de longues discussions avec Matteo, Claudio a été engagé par Belmonte. Maintenant, il assure des transports, comme sa fille. Ca tombe à point car son mal de reins lui interdit de continuer le football et le jonglage lui est vivement déconseillé. Son allure de travailleur honnête lui permet de transporter de gros paquets. Belmonte lui a collé au train Gianni, un gamin bègue mais armé, qui peut intervenir en cas de coup dur. Les deux compères sont affectés depuis peu au quartier de Margellina, situé en bord de mer.
Ce 10 mai 1991, Claudio porte une veste de travail en toile bleue posée sur un tee-shirt noir. Ses cheveux sont coupés court comme ceux de Diego ces derniers temps. Le soleil claque sur l’eau bleue un peu plus loin et Claudio passe de l’ombre au soleil, progressant vers une pharmacie désaffectée. Les trottoirs se déglinguent et, ces jours-ci, les éboueurs sont en grève. Son nez se pince quand il dépasse les sacs éventrés d’un restaurant. Maintenant, il est dans l’ombre sur un trottoir dégagé. Il entend vaguement la pétarade d’un moteur. Il ne voit pas la Guzzi, ni le bras tendu, ni le Glock qui joue avec la lumière. La tête de Gianni explose derrière lui. Claudio tombe sur les genoux, terrifié. Un gosse de 13 ans descend de la moto et lui colle une balle dans l’oreille. Puis se penche sur le cadavre et saisit le boudin blanc de cocaïne qu’il glisse dans son blouson en cuir. Sur le revers de son vêtement, un badge métallique représente Diego, le vrai.

Maintenant, dans les gradins de San Paolo, la rumeur dit que Maradona va revenir, qu’il va payer tous ses impôts et massacrer les fumiers du nord.
Enfin, bon, c’est ce qu’ils disent.

In El Diez de Marc Villard, Ska Editions.

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