Alec Milius, ex-agent recruté par le M16 britannique, se planque à Madrid. Lors d’une opération précédente, il a roulé les américains dans la farine. Finalement, le M16 a lâché Alec qui, depuis, se la joue agent secret en danger de mort. Un beau jour, son patron madrilène lui propose de rencontrer un vieux copain basque qui est en fait un théoricien de Batasuna, aile politique de l’ETA. Puis l’homme disparait et son corps est retrouvé sous de la chaux vive. Alec repique alors au jeu, se branche sur le SIS et se propose comme espion free lance.

Avec ce personnage d’Alec Milius, l’écrivain propose un homme presque ordinaire, sur la touche, et qui se lasse de "dormir" à Madrid. C’est un bon personnage, bien campé et qui, dans le monde sans âme du renseignement, possède une certaine morale à laquelle nous n’étions pas habitués. Cumming publie un roman assez lourdingue dans la narration et scolaire dans la façon dont il distille ses connaissances du terrorisme et de l’anti-terrorisme basque. Néanmoins, il est rare de lire dans le genre thriller-espionnage un ouvrage centré sur l’Espagne et les enjeux qu’elle entretient au plan européen. Les vingt dernières pages du livre rachètent certaines longueurs et la combinatoire du romancier fonctionne à plein. Contrairement au journaliste Peter Millar, qui compare Cumming à Le Carré, je ne pense pas que ce livre figure parmi les six meilleurs romans d’espionnage du monde. Mais c’est un bon livre, bien fait et qui plaira aux français, concernés par la lutte basque qui déborde parfois par ici. Un bon point : les américains sont immondes, c’est rassurant.