Japonais grillés par Carlos Salem / in8.
Publié
Je publie ces jours-ci, dans la collection Polaroid, un recueil de nouvelles de Carlos Salem. Dans le même temps, le jeune Carlos sort un roman chez son éditeur historique, Actes Sud. La presse commence à parler du roman mais ne dira rien sur les nouvelles. Oui, nous connaissons la presse. Aussi, pour vous allécher, voici les premières lignes de la nouvelle qui donne son titre au recueil.
" Pour être honnête, au début, quand c’est devenu la mode de transformer les marchés de Madrid en un mélange de boutiques de traiteurs et de bistrots branchés, ça m’a fait comme un coup à l’estomac, tu vois ? Tu vas me dire que ce sont des idées de vieux et tu n’auras pas tort. D’ailleurs, c’est ce que dit ma fille - parce que oui, j’ai une fille, Yolanda, elle a vingt-six ans. Non, attends, vingt-sept. La famille, c’est pas mon fort, à cause de mon travail, tu vois ? Je voyage tout le temps et je finis par m’embrouiller dans les dates et les lieux. C’est peut-être pour ça que la transformation des marchés de Madrid m’emmerde autant, parce qu’avant, ils me rappelaient mon enfance, quand j’avais le nez à hauteur des étals : les légumes disposés en pyramides, le regard fixe des poissons, la viande comme un rappel avant l’heure que tout a une fin et l’hypocrisie des bonnes femmes qui attendaient leur tour".
Traduction : Judith Vernant. Editions in8.