Après avoir écrit Chariot dans la neige pour le collectif Hammett Détective initié par Natalie Beunat, j’ai répondu à deux questions concernant l’écrivain. Voici mes réponses.

Filiation.

Les thèmes politiques développés par Hammett sont liés à son époque et, pour certains, ne sont plus d’actualité aujourd’hui. D’autre part, j’ai une approche de la vie à travers un prisme plus social que politique. Donc, il ne m’a pas influencé en terme de thématiques. Par contre, il fut pour moi décisif concernant l’écriture et la narration objective. On parle ici d’écriture du comportement ou d’écriture béhavioriste. Je trouve très contemporain que les lecteurs accompagnent le héros dans ses histoires sans en savoir plus que lui. A l’image du cinéma. Il n’y a rien de plus douloureux à lire, également, qu’une fiction lardée des affres psychologiques du héros se posant, sur plusieurs pages, des questions comme celles-ci : « Vais-je faire telle chose ? », « Ai-je raison de faire telle chose ? », « Faut-il la faire différemment ? » C’est une façon d’infantiliser le lecteur qui peut penser qu’on lui demande son avis. Qui plus est, ça ralentit énormément la narration.

Transmission.

Deux choses. D’abord ne pas se fier aux apparences. Un enlèvement peut cacher simplement une histoire d’amour. Ensuite : les femmes ne sont pas forcément des godiches sans pensée, enlevées par des hommes mauvais. Elles peuvent être celles qui osent et décident.
Enfin, j’ai voulu que l’histoire située dans le Montana ne soit pas coupée de l’histoire du monde en marche. D’autant que le monde, avec un grand M, concernait Hammett. Le roman noir nous parle des hommes mais aussi du bouleversement permanent des sociétés. D’où l’idée des lettres qui nous donnent une vision brève de la guerre de 14-18. En écrivant ces lettres, j’ai voulu faire aussi un clin d’œil à l’écrivain qui, plus tard, s’engagera dans l’armée mais ne pourra partir au combat en Europe pour raisons de santé.